Bulletin de diffusion trimestriel 2023 No 1
RÉFLEXION SUR LA DÉPENDANCE
Comme certains d’entre vous, la fin de l’année 2022 fut marquée par une tempête de vents majeure et une panne électrique… qui s’étira dans mon cas sur sept jours ! Sept jours à chauffer au bois trois pavillons et fournir par génératrice l’énergie minimale requise pour les pompes à puits artésiens. Vivant isolé, et occupé à alimenter feux et pompes, j’ai compris combien, selon notre localisation, les mots « dépendance » et « autonomie » peuvent prendre tout leur sens !
J’ai eu des jours… des nuits à vérifier et mesurer l’efficacité des enveloppes de mes trois bâtiments mises à rude épreuve face au transfert à l’inertie thermique.
Je n’ai pas de comparatif pour vérifier la performance de mes pavillons face à des situations similaires, dans d’autres bâtiments. Le seul comparatif que j’ai c’est une panne de trois jours jadis en 2001 qui avait mené mon bungalow de 1959 (ma première maison) à des températures frisant la congélation.
Basée sur l’expérience que j’ai vécue, la chute des températures intérieures est une courbe non linéaire : dans les trois premiers jours, j’ai pu maintenir une température plus que confortable : environ 15 à 18 °C en descente graduelle, en chauffant sporadiquement au bois, et à partir d’une température initiale de 22 °C. C’est à partir de la 4e journée que la descente s’est accrue (avec en combiné des températures minimales extérieures avoisinant -17 °C la nuit).
La température des tuyaux d’entrées d’eau est demeurée de son côté constante : 4 à 5 °C. C’est à ce moment qu’on savoure la décision d’avoir enfoui le circuit d’eau un peu plus bas que la profondeur de gel, avec au surplus une protection généreuse isolante au-dessus… Ne nous fions pas à l’isolation « offerte » par l’accumulation de la neige, il n’y en avait pratiquement pas cette année entre le 23 et le 30 décembre !
Le 30 décembre, l’électricité est revenue, non sans quelques larmes à essuyer sur mon visage !
Au bilan en ce début de soirée du 30 décembre :
Pavillon La Sittelle : Système « mur parfait » isolé avec des mousses plastiques par l’extérieur : 5,5 °C (non occupé, mais chauffé au bois le jour seulement) ;
Pavillon L’Hermine : Système conventionnel avec isolation biosourcée (chanvre et fibre de bois, procurant potentiellement une certaine inertie thermique) : 7,0 °C (non occupé, mais chauffé au bois le jour seulement) ;
Pavillon Le Pierrot : Système « mur parfait » comme La Sittelle : 14,0 °C (occupé et chauffé en continu jour et nuit durant toute la durée de la panne).
Le manque de données, l’intensité variable du chauffage au bois, la variation des températures extérieures et les expositions au vent… voilà plein de biais qui ne peuvent me permettre de tirer de conclusions à cette expérimentation « imposée ».
Je reconnais en revanche qu’il semble que L’hermine, avec sa masse isolante et plus « lourde » dans les murs, aurait possiblement mieux performé que La Sittelle.
Mais, j’ai surtout compris notre dépendance à l’énergie et surtout notre impuissance actuelle face au climat. J’ai aussi compris comment une enveloppe performante peut, en contrepartie, nous aider à traverser, mieux, de telles périodes !!!
Une bonne année 2023 à toutes et à tous !
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